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Conseil Municipal spécial emploi – intervention d’Eugène Caselli

Malgré nos demandes, ce Conseil Municipal s’est tenu à huis-clos, sans rediffusion vidéo, sans presse ni public. Nous vous proposons donc de découvrir les discours des élus.

Monsieur le maire, mes chers collègues,

D’abord une evidence : l’attractivité d’un territoire se mesure à sa capacité à attirer des entreprises qui créent de la richesse et de l’emploi.

Et, pour qu’un territoire soit attractif, il faut le promouvoir.

Ensuite, un constat : Incontestablement, à l’échelle de la compétition des Métropoles, nous ne sommes pas suffisamment visibles. En effet le développement de ce territoire n’a jamais été organisé pour des raisons historiques, mais aussi politiques, et, tout le travail de la Métropole va être de donner de la visibilité et définir unehiérarchie entre les savoir faire et les excellences du Pays d’Aix, de l’Hinterland portuaire autour de l’Etang de Berre, mais aussi de la ville de Marseille avec ses activités portuaires, Euroméditerranée et ses éco cités, les grandes zones d’activité, son terminal croisière, ses zones de chalandises, son développement sur le numérique, son pole santé de niveau européen et son université.

L’avenir à court moyen terme, c’est la nécessaire création d’un guichet unique pour la promotion du territoire marseillais et métropolitain autour d’une marque commune (comme à Lyon ou à Londres) destinée à donner plus de lisibilité à l’international pour attirer les entreprises.

Voilà pour la lisibilité ! Mais pour que Marseille et notre Métropole soient véritablement attractives, il nous faut travailler et renforcer les trois grands moteurs de l’économie au service de ce territoire : Le grand Port maritime Marseille-Fos, Euroméditerranée et les Pôles de compétitivités autour des grands projets transversaux : Henri Fabresur l’Etang de Berre, Picto sur Fos, French-Tech et the Camp, Marseille Immunopole.

Renforcer également le développement de l’aéroport et la synergie entre les 2 campus de recherche innovation :Luminy pour les sciences du vivant, Chateau-Gombert pour les sciences de l’ingenieur, sans oublier la zone de Roussetpour les entreprises innovantes.

Selon les études il manque entre 65 000 à 100 000 emplois sur le territoire Métropolitain, et la question est : comment organiser la cohérence entre toutes ces activités pour créer plus d’emplois ?

Les freins nous les connaissons :

Le premier c’est l’absence de mobilité qui est un frein à l’emploi partout sur le territoire

Le second c’est l’absence de foncier disponible et c’est un sujet capital.

L’absence de Lycée international est également un frein à l’accueil des cadres étrangers et des entreprises qui les emploient.

Nous avons parlé de l’absence de guichet unique d’accueil des entreprises : Lorsqu’on accueille des cadres extérieurs il faut accompagner les problèmes de logement, du travail du conjoint et des études des enfants, cela exige uneorganisation très professionnelle que nous n’avons pas encore aujourd’hui.

D’autres métropoles (Lyon par exemple) l’ont fait, nous devons le faire à notre tour.

Les progres a faire, nous les connaissons également :

Un des soucis est l’emploi industriel (11% sur la Métropole, 18% à Toulouse, 15% à Lyon, 12% à Bordeaux). Il est doncimpératif de garder et développer l’emploi industriel qui est celui qui génère le plus d’emplois induits par la sous-traitance.

Voilà pourquoi il faut lui réserver une grande partie du foncier disponible.

Voilà pourquoi, il faut aussi aider la réparation navale à travers la formation de certains métiers qualifiés que l’on va actuellement chercher à l’étranger, que ce soit sous la forme 10 ou les chantiers Saint Georgio, dans les investissements du GPMM qui va recevoir 300 Millions d’€ de l’Etat sur 5 ans.

Dans la même logique, si l’on regarde l’Economie d’entrainement riche en emplois qualifiés, qui regroupe l’Economie productive c’est à dire industrielle et artisanale, l’Economie de la connaissance autour de la recherche et l’innovation et enfin la logistique, on voit que le taux d’emploi de la métropole est de 50%, alors qu’il est de 60% sur les Métropoles équivalentes (ceci est largement dû au poids très élevé de l’économie résidentielle qui génère souvent des emplois moins qualifiés dans les secteurs Immobilier, commerces, emplois, Administrations, qui représente à Marseille (54% des emplois), moins sur la Métropole (43%) contre 37% à Lyon, 32% à Paris.

Sur les grandes fonctions métropolitaines : Sièges sociaux, Centres de décision, Haute Administration Publique, nous sommes à un taux de 10,4% contre 17,1 à Toulouse et 15 à Lyon. C’est pourtant bien à la capacité d’une Métropole d’attirer les lieux de commandement que l’on mesure son attractivité, et là aussi il y a un retard à combler.

Nous sommes, par contre, mieux placé grâce à Euroméditerranée pour des m2 de bureaux vendus ou loués : 150 000 m2/an pour Aix-Marseille contre 115000 à Toulouse, 170 000 à Lille, mais 240 000 m2 à Lyon. MaisEuroméditerranée 2, va nous permettre d’améliorer encore nos positions.

Finalement tout cela est corrélé et nous voyons qu’il faut agir :

Sur l’emploi salarié privé, encore trop faible , sur les emplois industriels , sur les sièges de grandes entreprises, sur les emplois qualifiés liés à l’économie d’entrainement, dont il faut rééquilibrer le poids par rapport à l’Economie résidentielle trop largement majoritaire.

Bien sur, les réponses de la Métropole se réalisent sur une échelle d’au moins 10ans, mais les processus doivent être engagés sans tarder dans le but de ne pas prendre un retard définitif dans la compétition des métropoles.

Voilà pourquoi l’enjeu est aujourd’hui entre une Métropole d’intérêt stratégique territorial et une Métropole d’intérêt communal, que certains voudraient nous imposer.

Les comparaisons doivent se faire avec les grandes métropoles françaises et européennes et non pas entre Marseille et le reste du territoire.

Ceci m’amène à proposer au nom de notre groupe, quelques grandes pistes pour développer l’Emploi et l’Attractivité de la Métropole.

Sur la Mobilité :

  • Sur un territoire aussi vaste et aussi contrasté, l’emploi sera freiné tant que 5 grands axes de circulation rapides ne sont pas crées: Marseille-Fos, Marseille-Aix, Marseille-Aubagne, Marseille-Aéroport et un grand axe traversant Marseille Nord-Marseille Sud en mode lourd,
  • Les Outils : La Gare St Charles en souterrain, projet commun Etat-Collectivités, qui accélèrera le cadencement des TER à l’horizon 2030, mais il faudra aller plus vite,
  • L’adaptation des lignes ferroviaires dont l’axe Aubagne-Marseille est déjà lancé,
  • Une navette bord à bord entre la Gare de Vitrolles et l’aéroport Marseille Provence dont le trajet enjambera un pont à construire sur le CD20 (projet dont l’étude est très avancée),
  • Réalisation du tramway Nord-Sud à Marseille, sans renoncer au métro pour la prochaine décennie.

Pour qu’un territoire soit compétitif il faut être au top de l’innovation et comme Monsieur le directeur du Développement économique de la Métropole, je pense qu’une grande partie de l’avenir du territoire est de devenir une référence pour l’innovation en Europe du Sud et en méditerranée. Pour cela, il faut mettre en œuvre des dispositifs performants de développement de start-up, d’incubateurs, de pépinières, de fonds d’amorçage, de groupements d’industriels qui fonctionnent en réseaux, et bien sur, trouver des investisseurs. Tout cela doit se faire en lien avec Aix Marseille Université de façon très étroite, de manière à conjuguer Recherche et Innovation, sources d’emplois qualifiés.

Et sachant que le rapatriement d’emplois qualifiés dans les centre-ville urbains est un concept qui se développe en Europe, créer un quartier numérique, en offrant du foncier issu de préemptions par la municipalité au Centre-ville de Marseille, nous paraît être une idée qui a du sens.

Mais, compte tenu du niveau de qualification moyen des demandeurs d’emplois sur la ville de Marseille, il nous faut aussitravailler les filières plus traditionnelles qui exigent moins de qualification : ce sont celles de l’industrie classique, le commerce, l’artisanat, le tourisme et les congrès, car le tourisme d’affaires est un élément fort d’attractivité et une source d’emploi importante pour l’Hôtellerie, Restauration et le Commerce.

Il faut favoriser les investissements structurants au Nord de la ville pour créer de l’emploi.

Les zones franches ont atteint leurs limites : 470M € ont été investis par l’Etat pour créer une dizaine de milliers d’emplois, en comparaison, sur la même période, l’Etat a investi 242 millions sur Euroméditerranée pour un résultat équivalent, cela signifie bien que c’est l’investissement sur les équipements structurants qui crée l’emploi pérenne et à moindre coût.

Le Nord possède encore du foncier disponible et manque de Transport, d’équipements sportifs, de piscines, d’espaces culturels, de médiathèques, d’une 2è école de la 2è chance, qui pourrait être destinée à l’économie numérique, de structures médicales de proximité, voila ou il faut investir !

  • De même à l’Est , la vallée de l’Huveaune est un pôle important du développement futur de l’Emploi à Marseille, et aujourd’hui la vallée verte a besoin d’investissements productifs, notamment dans les transports dont l’absence, ajoutée à l’absence de guichet unique d’accueil des entreprises, freine son dynamisme.
  • Enfin, sachant que toutes les Métropoles rayonnent à partir de leur centre historique, la ville principale de la Métropole ne peut accepter de voir son centre se dévitaliser au niveau du commerce et de l’animation.

Depuis une décennie, la ville de Marseille a voulu faire revenir les grandes surfaces commerciales en centre villepour récupérer l’emploi et les recettes fiscales qui partaient vers Plan de Campagne et la zone des Paluds dont 90% de la clientèle était marseillaise, ceci pouvait se comprendre.

  • Mais aujourd’hui avec la création de la Métropole, cette stratégie n’a plus lieu d’être, car une des premières conséquences de cette volonté a été une diminution croissante du commerce en centre ville, le dire n’est pas faire un procès d’intention, mais seulement éclairer un contexte.

Le remède, c’est encore l’investissement dans la rénovation de l’espace public entamé avec le Vieux Port et qui doit se poursuivre selon un plan pluriannuel dont l’objectif sera de semi-pietoniser toutes les rues du centre, de la rue paradis à Noailles, en y ajoutant l’ouverture du dimanche et celle des commerces de bouche nécessaires à leur animation.

Tous les grands centres urbains en Europe sont semi-pietons et apaisés, la voiture est moins présente, on nettoie mieux, on respire mieux et c’est un élément très fort d’attractivité pour le commerce.

Ensuite, il y a le problème des charges et de la fiscalité pour la majorité des commerçants (15 à 20% de vacance en centre ville contre 7 à 8 % de moyenne nationale).

La zone franche n’est plus la solution, l ’Etat n’en créera plus et nous le savons ! L’exemple de la ZFU en centre Ville de Toulon qui date déjà de plusieurs années, n’a été possible que parce que la ville n’en possédait pas, contrairement à Marseille qui en possédait deux.

La solution peut être, que pendant le temps où la semi piétonisation avance, la ville accepte, sur sa fiscalité, deprocéder à des ristournes, sachant qu’elles seraient supprimées par tranches, chaque fois que les travaux de rénovation d’une zone seraient terminés.

Pour conclure, nous disons, que nous pouvons faire gagner notre ville et notre Métropole, à condition de mettre en action et en cohérence un grand nombre de politiques convergentes, car l’emploi est le résultat de la mise en œuvre de leviers multiples dont l’objectif est de répondre à un besoin fondamental : creer le surplus d’activites et de richesses qui va permettre de donner du travail au plus grand nombre.

Eugène CASELLI

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