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Hommage à Fortuné Sportiello

C’est avec une immense tristesse que j’ai appris le décès de Fortuné Sportiello.

Marseille perd l’un de ses grands serviteurs, ma famille politique l’un de ses plus beaux militants. De son histoire à ses engagements, de ses passions à son caractère : Fortuné Sportiello était à l’image de sa ville. Avec sa disparition, c’est une page de notre Histoire collective qui se tourne.

Dernier des grands socialistes marseillais d’après-guerre, Fortuné a été le jeune témoin de la libération de la ville de l’occupant nazi et de ceux qui ont participé avec Gaston Defferre à sa reconstruction.

Né en 1929 à Marseille dans l’ancien quartier du Vieux-Port, Fortuné grandit dans une famille très modeste de militants SFIO, d’immigrés italiens pêcheurs de corail originaires de Ventotene dans la baie de Naples. Marqué très tôt par l’arrivée du Front Populaire au pouvoir, il savait nous raconter avec émotion ses souvenirs de cette fracture de l’Histoire, de la foule des travailleurs poussée par l’exaltation et la passion des tribuns de l’époque.

Pourtant, la guerre allait tout bouleverser. Il sera le témoin des rafles du Vieux-Port, et du carnage provoqué par les bombes qui rasèrent le quartier du Vieux-Port, son quartier d’enfance. Le souvenir de ses proches morts dans les camps et les images de son quartier détruit l’ont marqué à jamais. Rue de Pologne, dans les anciens locaux de la savonnerie de la Vierge, son père Paul cachait des résistants parachutés de la France Libre et ceux qui refusaient le STO. Lui, adolescent, avait la tâche de ravitailler leurs amis juifs obligés de vivre dans la clandestinité.

Dès la libération, de retour dans leur quartier, ses parents prirent la gérance du Bar Palma. A cette époque où le comptoir d’un café était le parlement du peuple, la grande salle familiale allait très vite devenir le lieu de rendez-vous d’un grand nombre de résistants socialistes qui allaient reconstruire la ville, à l’instar de Gaston Defferre.

Boxeur reconnu, Fortuné Sportiello jettera les bases d’une action sociale, culturelle et sportive, qui débouchera sur la création de l’US 1er Canton en 1953, ce club qu’il aimait tant.

Secrétaire de la 1ère section Socialiste, élu Conseiller Municipal avec Gaston Defferre de 1959 et jusqu’en 2001, il a marqué la vie politique marseillaise du siècle dernier. Il participera en tant qu’adjoint à la reconstruction de son quartier détruit par le fanatisme des hommes.
Il aura aussi marqué l’histoire de notre Département où il siègera sans discontinuer de 1964 à 2008, pour représenter les habitants de son quartier de toujours.

Je veux adresser, au nom des élus socialistes de Marseille, mes plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches, à tous ceux qui l’ont connu, aimé ou apprécié.

Nous garderons en mémoire son engagement qui doit aujourd’hui continuer à nous guider et qu’il résumait ainsi encore il y a peu :

« Parvenu au soir de ma vie, je peux dire que je suis un homme heureux. J’ai eu ce que l’existence peut donner de plus beau : une famille, un groupe d’amis fidèles avec lesquels j’ai tout partagé : les batailles, les campagnes électorales, les joies, les soucis. Je n’ai rien prémédité, tout dans ma vie s’est enchaîné selon une simple logique. J’étais un enfant du 1er Canton, j’en suis devenu l’élu pour réaliser le rêve de ma jeunesse, le rêve qui a déterminé tous mes engagements: œuvrer, avec d’autres, pour la reconstruction de ce quartier du Vieux-Port anéanti par les forces du fanatisme et du mal en janvier 1943. Lutter sans relâche pour la réhabilitation matérielle et morale de la population du Cœur de Marseille, touchée dans ce qu’elle avait de plus cher : sa liberté et sa dignité. Aujourd’hui rien n’est achevé, bien au contraire ! La lutte continue, la lutte doit redoubler pour la liberté, la dignité, la fraternité humaine ! Le combat est sans fin, et la vie un éternel recommencement. » Benoît PAYAN

 

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