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Conseil Municipal spécial emploi – la conclusion de Benoît PAYAN

Malgré nos demandes, ce Conseil Municipal s’est tenu à huis-clos, sans rediffusion vidéo, sans presse ni public. Nous vous proposons donc de découvrir les discours des élus.

Monsieur le Sénateur Maire,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président délégué
Madame la Présidente,
Mes chers collègues,

Marseille méritait bien un Conseil Municipal spécialement dédié à l’emploi.

Depuis de trop nombreuses années, Marseille peine à trouver l’impulsion qui la sortira du chômage et de la morosité économique. Elle enregistre encore et toujours entre 20% et 50% de demandeurs d’emploi de plus que Lyon, Lille, Nantes, Nice ou Bordeaux. 20 à 50% c’est beaucoup. En effet, il était temps d’agir.

Il aura fallu attendre 21 ans, et perdre définitivement la compétence de économique, pour réellement nous en saisir.

Nous regrettons tout ce temps perdu, car Monsieur le Maire, Gouverner, c’est prévoir, et je continue de penser que la ville a pêché par manque d’anticipation.

Sur l’industrie, nous n’avons pas su retenir nos entreprises, leur trouver des solutions, notamment foncières, pour sauvegarder l’emploi industriel, pourtant indispensable. Et le cycle de la désindustrialisation continue inexorablement, car pendant que nous discutons entre nous, l’entreprise Haribo est en train de chercher à partir de Marseille. Les moulins Morel, Saint Louis sucre : la Mairie doit se mobiliser pour être à côté de nos fleurons industriels et les soutenir.

Et si l’industrie bat de l’aile, c’est aussi le commerce qui va mal, et c’est particulièrement visible en centre-ville, car là aussi gouverner c’est prévoir. Le taux de vacance des commerces explose atteignent même le double voir le triple de la moyenne française.

Nous ne sommes pas plus aujourd’hui qu’hier contre les centre commerciaux, mais Monsieur le Maire, je veux vous rassurer nous pensons simplement qu’avant de faire les Terrasses du port on aurait pu et dû réhabiliter le centre-ville, déjà bien mal en point.

Mais Monsieur le Maire, je vous rassure je laisse là le constat. Je suis trop jeune pour ressasser le passé, et je préfère regarder vers l’avenir.

Je ne peux conclure de nos travaux sans saluer l’initiative de Jean-Marc Coppola, et le véritable travail d’ouverture de votre Premier Adjoint.

Plus de trente heures d’auditions, avec une liberté de ton saisissante et inattendue, et le temps de pouvoir travailler sereinement, cela n’arrive pas tous les jours et doit être salué.

Quels sont les enseignements que nous pouvons retirer de ces auditions ? Marseille a besoin de deux choses : de stratégie, et d’attractivité.

 

De stratégie d’abord, car c’est aujourd’hui que se prépare les conditions pour les emplois de demain.

Préparer l’urbanisme et le foncier, attirer les chefs d’entreprises et les investisseurs, tisser des liens avec notre université et commencer dès à présent à former les jeunes aux emplois de demain.

Pour ne pas répéter ces erreurs, Marseille a besoin de stratégie. Les grands axes, les emplois de demain, nous les connaissons et nous les soutenons. Ce sont le numérique, la santé et les biotechnologies, le port et l’industrie.

 Nos outils pour servir ces axes stratégiques, ce sont la Métropole, et la Région.

Pour vos relations avec la Région, permettez moi d’être inquiet quand je constate que son Président est venu, sur le territoire métropolitain, décréter ses 12 zones économiques spécialisés sans qu’à aucun moment, nous n’ayons été consulté.

Pour la Métropole, je sais Monsieur le Maire que vous trouverez le temps de prendre rendez-vous  avec le Président pour porter les dossiers de Marseille.

Sachez dans tous les cas, et c’est le sens de mon intervention, que sur les grandes orientations stratégiques, nous serons là.

La Métropole est l’échelon pertinent pour développer ces politiques car la concurrence ne doit pas s’exercer entre Aix et Marseille ou Aix et Aubagne, mais avec le reste de l’Europe et de la méditerranée.

Car là où le monde économique attendait une institution stratège du développement et de l’emploi, des transports et du logement, nous trouvons pour l’instant un Conseil général bis « attentif aux désirs des maires » selon les propres mots de son président. Nous espérons que la Métropole, grâce à des politiques publiques ambitieuses, privilégiant l’intérêt général de l’ensemble du territoire et de ses habitants, et non plus celui de ses seules communes, saura enfin devenir l’institution dont notre territoire a besoin pour son développement économique.

C’est là la véritable stratégie qu’il nous faut pour notre territoire.

Savoir parler d’une même voix, aller dans le même sens, tous ensemble, pour pouvoir être offensif, pour aller conquérir des parts de marchés, pour créer les emplois dont notre territoire a besoin, dont notre notre ville a besoin.

Comme je le disais, il est ressorti de ces auditions que Marseille a besoin de stratégie, et d’attractivité.

Et c’est là, je pense M. le Maire, que nous avons une vraie divergence.

L’attractivité, ce n’est pas simplement avoir le plus beau stade du monde, et se féliciter et se féliciter encore d’avoir, un jour, été classé deuxième destination touristique dans un article page 47 de l’édition week-end du New York Times.

C’est bien, c’est très bien. Mais ce n’est pas ça, l’attractivité.

L’attractivité, la vraie, c’est de savoir ce qui fait qu’à Lyon, à Hambourg, à Bruxelles, à Shangai ou à Brest on se dise « Et pourquoi pas Marseille ? ». 

Comment faire pour attirer, et surtout retenir ces personnes qui vont venir faire le dynamisme de notre ville.

La réponse, elle est simple, c’est la qualité de vie.

Le Président Pfister l’a dit lui même dans ses auditions Marseille n’est pas une ville assez attractive. Dans la dernière étude de la foncière des régions, nous sommes en milieu de classement pour les investisseurs, et avant dernier pour les cadres et les salariés.

 Notre ville n’attire pas, n’attire plus, et le dernier recensement de l’INSEE, montre que nous perdons, en réalité, de la population.

Les cadres, les salariés, qui s’installent à Marseille veulent pouvoir bénéficier de structures éducatives de qualité pour accueillir leur enfants. Des écoles où ils ne sont pas obligés de se précipiter pour aller les chercher à 17h30, car à Marseille, les garderies ferment 1 heure avant celles de toutes les grandes villes.

Ces futurs marseillais veulent pouvoir faire un papier d’identité sans avoir à poser un demi journée de RTT, pouvoir aller au travail sans perdre 1h chaque jour dans les bouchons.

Les patrons veulent que leurs salariés puissent se loger décemment, et évidemment ne pas mettre plus de temps pour faire Marseille/Marignane, que Marignane/Paris.

Les entrepreneurs veulent pouvoir avoir une vie culturelle riche, diverse, éclectique et épanouissante. Ils veulent pouvoir aller nager, courir ou taper dans un ballon à la sortie du travail.

En réalité, qu’ils soient salariés, investisseurs, entrepreneurs, cadres, dirigeants, artistes, étudiants, bénévoles associatifs ou banquier : ils veulent du service public.

Nous avons un diamant entre les mains, et ce diamant, c’est Marseille. Nous avons des atouts considérables, enviés par tous. Nous avons le soleil, bien sur, nous avons une histoire et une identité singulière, une position géographique majeure, un cadre naturel magnifique, un potentiel qui ne demande qu’à être exploité.

Avec de bonnes stratégies, et une vraie attractivité, nous pouvons retrouver notre dynamisme, et faire de notre ville la capitale économique et culturelle de la méditerranée.

Alors nos propositions, le Président Caselli vous en a déjà donné les grandes lignes.

Les transports d’abord, avec des projets structurants, sur les grands axes métropolitains et à l’intérieur de Marseille. Les transports en commun, bien évidemment, avec l’extension du métro et du tramway, ou les travaux de la Gare St Charles.
Mais il nous faut également développer et un soutenir les transports doux, propres, partagés et innovants, et là aussi, nous avons de belles initiatives privés à Marseille qui ne demandent que notre soutien.

L’innovation ensuite, où notre collectivité peut et doit mettre en place des incubateurs, des hôtels d’entreprise, des espaces de coworkings et de ressources partagés. Il faut soutenir les initiatives, encourager les start-up et créer les conditions de leur développement. L’économie du numérique, ce sont souvent des petites structures, des open spaces, et cela peut être un formidable levier pour le développement de l’économie du centre-ville.
Enfin, avec les autres collectivités, il faut nous mobiliser pour créer des fonds de soutien, d’accompagnement et d’amorçage, et notamment dans le champ de l’économie sociale et solidaire.

Troisième grand chantier, c’est le choc de simplification.
Depuis que j’ai 8 ans, j’entends parler de guichet unique… Pas plus les entrepreneurs que les citoyens ne supportent de se voir répondre « ah non, ce n’est pas nous, adressez vous à la Métropole, au CD13 » et de finir bring-ballé de services en directions, de bureaux en accueils divers. Déposer un permis de construire, un autorisation d’occupation, de stationnement : il faut simplifier la vie des chefs d’entreprise.
Et tant que nous y sommes, simplifier nos agences de promotions ou de soutien, déjà sur Marseille et je l’espère, sur l’ensemble de l’air métropolitaine. 

Enfin, je n’oublie pas que la ville, et ses partenaires institutionnels qui sont là aujourd’hui, sont eux aussi des acteurs économiques. Entre la Région, le Département, la Métropole et la Ville, ce sont prêt de 8 milliards d’euros qui sont dépensés chaque année sur le territoire.
Pour la ville de Marseille, il nous faut retrouver un niveau d’investissement permettant de faire vivre nos entreprises.
Investir dans nos services publics, c’est investir dans le patrimoine commun des marseillais, c’est améliorer de notre attractivité.
Je pense au rattrapage qu’il nous faut opérer dans les équipements publics, et notamment au nord de la ville, au centre-ville, que nous proposons de semi-piétonniser de Noailles à la Rue Paradis… 

Investir, c’est également injecter de l’argent dans l’économie, et là il nous faut regarder comment nous investissons, et revoir notre stratégie de commande publique, en facilitant l’accès des PME aux marchés publics, en mettant en place des clauses sociales et des marchés d’insertion pour intégrer ceux qui sont loin de l’emploi, en payant nos fournisseurs en temps et en heure, et en luttant contre le dumping social, en instaurant par exemple des clauses d’empreinte carbone.

Pour conclure Monsieur le Maire, je lisais il y a quelques jour la tribune d’un conseiller en insertion professionnel Marseillais qui se désespérait de voir se multiplier les « forums pour l’emploi » et autre « job dating » organisés par les collectivités sans qu’au final, personne ne voit trop l’intérêt de ces rassemblement, si ce n’est la photo finale et les discours laudatifs. 

Aujourd’hui, vous avez initié un processus et vous voyez, si nous savons nous montrer critiques et attentifs, nous savons également être dans la proposition.

Reprenez les, adaptez les, déployez les, mettez les à votre crédit et demandez à vos adjoint de rendre compte chaque année des avancés de nos travaux, car, contrairement à ce que disait François Mitterrand, contre le chômage, on a pas encore tout essayé.

Benoît PAYAN

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